Présentation

La Fédération Parapluie Rouge est composée de la plupart des associations/collectifs de santé communautaire et/ou défendant les droits des travailleur·se·s du sexe (TDS) en France, à savoir : Acceptess T (Paris), Autres Regards (Marseille), Bad Boys (Paris & Marseille), Cabiria (Lyon), le Collectif des femmes de Strasbourg St-Denis (Paris), Grisélidis (Toulouse), le PASTT (Paris), PDA (Besançon), les Roses d’Acier (Paris), le STRASS- Syndicat du travail sexuel (France), les Pétrolettes (Rennes & Brest), Queer Auvergne (Clermont-Ferrand), Paloma (Nantes) et Chardon Ardent (Caen), Bord!el (Dijon).

La Fédération Parapluie Rouge recrute comme membre et s’adresse principalement aux associations, groupes et collectifs dits communautaires, c'est-à-dire qui remplissent au minima deux des trois critères suivants :

  • Que leur personnel soit composé au moins d’un tiers de travailleur·se·s du sexe*
  • Que la moitié de leurs porte-paroles soient des travailleur·se·s du sexe*
  • Que la moitié de leur CA soit composé de travailleur·se·s du sexe*

*(ou ayant exercé le travail sexuel)

Notre objectif est de fédérer l’ensemble des forces qui luttent pour la santé et les droits des travailleur·se·s du sexe, et particulièrement contre le VIH/sida & autres IST, puisque c’est avec l’arrivée du sida que les associations de santé communautaire se sont créées en France. Il est à noter qu’une des spécificités de la santé communautaire est de développer un lien de confiance fort et « l’empowerment » au sein de la population clé des travailleur·se·s du sexe, et que pour ce faire, les actions menées se réalisent concrètement à l’échelle locale. L’histoire de notre mouvement a donc été un long processus de fédération de ces forces parsemées sur différentes villes de France, afin de faire valoir l’expertise tirée des pratiques de terrain, et la mise en place d’un plaidoyer au niveau national pour défendre et promouvoir l’efficacité des résultats observés.

Cependant, avant même son existence, la santé communautaire a été concurrencée par d’autres secteurs du champ associatif, en particulier les associations dites d’action sociale issues de l’idéologie abolitionniste et ayant pour but la « sortie de la prostitution ». En France, l’approche abolitionniste est héritière du christianisme social et a historiquement été hostile à la santé communautaire, considérant que la lutte contre la prostitution prévaut à la lutte contre le sida, et que le meilleur moyen d’arrêter le sida chez les travailleur·se·s du sexe est « d’abolir la prostitution ».

Ce sont deux visions inconciliables puisque la santé communautaire reprend à son compte les principes fondamentaux de la lutte contre le sida, à savoir le non-jugement des comportements sexuels, le respect de l’autodétermination et du libre arbitre, la reconnaissance de l’expertise des personnes concernées, la distribution des messages et outils de prévention et la réduction des risques plutôt que les approches morales et répressives visant à l’abstinence, la lutte contre la stigmatisation et contre la pénalisation des personnes séropositives et issues des populations clés, etc. 

Ces deux approches co-existent et sont toutes deux soutenues par les pouvoirs publics en France mais de manière très inégale. En effet, depuis que la lutte contre le VIH/sida n’est plus perçue comme un enjeu urgent de crise sanitaire comme ce fut le cas dans les années 1990, la santé communautaire est progressivement menacée par une remontée en puissance de l’idéologie abolitionniste, notamment depuis les années 2000.

En 2002, le collectif Droits & Prostitution (avant la Fédération Parapluie Rouge) s’était créé pour s’opposer à la mise en place de la pénalisation du racolage public dans le cadre de la Loi pour la Sécurité Intérieure de 2003, dite loi Sarkozy, avec pour message que toute pénalisation était incompatible avec la santé des personnes. Ce fut une bataille très difficile se concluant finalement en 2016 avec le vote définitif de la loi dite contre le « système prostitutionnel », incluant la pénalisation des clients, adoptée malgré plus de 4 années d’efforts pour l’empêcher. Malheureusement, cette nouvelle pénalisation a des effets semblables à l’ancienne, voire plus néfastes encore, notamment en matière de précarisation.

A cause d’un pouvoir de négociation affaibli, une baisse des prix, et une mobilité accrue, les travailleur·se·s du sexe ont de plus grandes difficultés à imposer leurs conditions, le port du préservatif, et interrompent parfois leurs traitements lors de leurs déplacements. L’accompagnement par nos associations est rendu plus compliqué à cause des pertes de contact et des relocalisations vers des endroits plus isolés. Les signalements d’agressions sont également plus nombreux.

La décriminalisation du travail sexuel pourrait pourtant réduire les risques d’infection au VIH de 33 à 46% d’après The Lancet. (1) Par exemple, en Nouvelle Galles du Sud, Australie, aucun cas de transmission VIH n’a été répertorié depuis que le travail sexuel y a été dépénalisé en 1995. (2) La décriminalisation du travail sexuel est une politique recommandée par l’ONUSIDA et l’Organisation Mondiale de la Santé, ainsi que l’ensemble des associations de lutte contre le sida, le Planning Familial ou Médecins du Monde.

1/ Lien: The Lancet
2/ Lien: UNSW

 

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