La Fédération Parapluie Rouge regroupe à l’échelle nationale les associations communautaires de travailleuses du sexe. Il s’agit des associations crées et dirigées par et pour les TDS en fonction de leurs besoins spécifiques.
Sont membres de la Fédération Parapluie Rouge les associations : Acceptess T, Autres Regards, Bad Boys, Cabiria, le Collectif des femmes de Strasbourg St-Denis, Grisélidis, le PASTT, PDA, les Roses d’Acier, le STRASS- Syndicat du travail sexuel les Pétrolettes, Queer Auvergne, Paloma, Chardon Ardent et Bord!el
En finir avec le sida est une question de volonté politique. En finir avec les putes aussi, et force est de constater que c’est ce que vise ce gouvernement français, comme les précédents.
La santé publique internationale et les communautés œuvrant à la défense des droits humains confirment que toute répression du travail sexuel, y compris la pénalisation de leurs clients, a un impact négatif sur la santé des putes en général, sur leur expositions aux contaminations VIH et IST en particulier.
Le 31 août dernier, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a de nouveau admis la recevabilité de la requête de 261 TDS contestant la Loi Prostitution de 2016, et reconnu les conséquences néfastes de cette loi pour les TDS. Cette victoire d’étape a validé la stratégie juridique des travailleurSEs du sexe requérantEs et des associations qui les soutiennent.
Pourtant en France les pouvoirs publics s'obstinent dans des politiques abolitionnistes, déclinées tant au niveau national comme la loi du 13 avril 2016, que local comme les arrêtés municipaux ou préfectoraux qui visent spécifiquement les TDS, notamment via des interdictions de stationnement des camionnettes où des TDS exercent, et parfois vivent.
Les TDS subissent le harcèlement policier, et des amendes à répétition qui les précarisent encore et, tragique ironie d’une loi qui prétendait supprimer l’activité prostitutionnelle : les pousse à travailler davantage.
C’est ainsi qu’à Gerland, quartier de Lyon, ce sont plus de 100 TDS qui ont été chassées de leur lieu d’exercice, jugé trop proche du stade d’entraînement dédié à la coupe du monde de rugby, après avoir été harcelées des mois durant par un collectif de riverainEs inquiètEs pour leurs enfants.
Grégory DOUCET, maire EELV (Europe Ecologie Les Verts) de Lyon s’était pourtant engagé à abroger les arrêtés municipaux en place lors de son investiture.
C’est ainsi qu’aux Bois de Boulogne et Vincennes, les amendes et PV pleuvent et le stationnement payant se déploie. Les éclairages publics sont sciemment coupés pour gêner la visibilité des femmes qui travaillent à pied, créant un environnement criminogène et ouvrant la voie aux agressions de tout genre.
Au Bois de Boulogne, cela fait plus de 5 ans que la Route de la porte Dauphine à la Porte des Sablons est dénommée « Dark Road ». À Vincennes, c’est la longue route de la Pyramide qui est plongée dans l’obscurité.
La Mairie de Paris attribue ces mesures à la Préfecture : Anne HIDALGO, maire PS n’aurait aucune prérogative sur l’éclairage de la voie publique. La mauvaise foi n’ayant pas de limites, d’autres invoquent des raisons écologiques.
Économiquement prises à la gorge, les TDS n’ont d’autre choix que d’exercer dans ces environnements dont la dangerosité a été volontairement exacerbée, et ont perdu leur capacité à sélectionner leurs clients, à imposer leurs pratiques et leurs tarifs.
En effet, la baisse drastique des revenus des TDS depuis la mise en place de la mesure de pénalisation des clients s’est encore accentuée au moment de la crise sanitaire liée au COVID 19 puis à l'épidémie de Monkeypox.
Les travailleuses du sexe les plus impactées par les conséquences des ces choix politiques sont les migrantEs, les personnes allophones, et celles qui exercent sous la contrainte d’un tiers ou sont victimes de réseaux de traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle.
Les seuls dispositifs qui protègent les TDS des violences reposent sur de l’auto-organisation et sur une dynamique de solidarité communautaire tout d’abord élaborée par des petits groupes de TDS qui se communiquaient les contacts de clients s’avérant être des agresseurs. Ce procédé a pu être étendu à tout le territoire via le Projet JASMINE, porté par Médecins du Monde.
De même, ce sont des TDS qui ont mis en place une méthode d’autodéfense spécifique leur permettant de faire face aux violences physiques, mais aussi verbales et juridiques. Cette stratégie, le SWAG, s’adresse à touTEs les TDS, quels que soient leur genre, leur langue, leurs modalités d’exercice.
Toutes ces politiques et mesures sont l’oeuvre des tenantEs de l’idéologie abolitionniste, qui sévissent en connaissance de cause, bien qu’informéEs des ravages provoqués par de telles lois. Dans les media, au sein des pouvoirs publics, dans les mouvements sociaux, c’est un véritable lobby qui travaille à imposer sa doctrine.
On le retrouve dans les Conseils d’Administration d’associations grassement subventionnées , au sein de partis politiques « de gauche », mais qui valident sans sourciller les dimensions répressives, racistes et sexistes des projets abolitionnistes, ou qui « n’ont pas encore de position sur la prostitution » ce qui devrait justifier qu’ils se taisent.
De même, on constate en toute objectivité que les syndicats défendent les « droits des travailleurSEs », sauf du sexe.
La conclusion s’impose : l’état français préfère les putes mortEs.
Nous savions qu’ « abolir la prostitution » ne voulait rien dire, aujourd’hui l’idéal abolitionniste est plus clair : il s’agit de faire disparaître les putes.
Les TDS connaissent leurs ennemiEs, y compris celleux qui s’estampillent « féministes », y compris celleux qui, en cette Journée Mondiale de Lutte contre le Sida vont se fendre d’un tweet compatissant, ou qui s’insurgent contre les violences transphobes tout en contribuant toute l’année à mettre en danger les TDS trans.
L'abolitionnisme certainEs en vivent les putes en crèvent.