La Fédération Parapluie Rouge était partie prenante de l'inter-orga pour la Journée du 25 novembre contre les violences de genre, sociales et d'état, notamment via un appel se positionnant contre la putophobie et dénonçant la loi de 2016.
Nous avons pu prendre la parole lors de la manifestation à Paris.
Vidéo consultable ici : https://drive.google.com/file/d/1BCm096S06HMcOcs9nEwUpGIthO2Y1_CX/view?usp=drive_link
Texte :
La Fédération Parapluie Rouge regroupe à l’échelle nationale les associations communautaires de travailleuses du sexe Il s’agit des associations crées et dirigées par et pour les TDS en fonction de leurs besoins spécifiques. Nous comptons parmi nous : Acceptess T, Autres Regards, Bad Boys, Cabiria, le Collectif des femmes de Strasbourg St-Denis, Grisélidis, le PASTT, PDA, les Roses d’Acier, le STRASS- Syndicat du travail sexuel, les Pétrolettes, Queer Auvergne, Paloma, Chardon Ardent et Bord!el
Toutes ici, nous affirmons la libre disposition de nos corps, qui n’appartiennent ni à l’état, ni à la nation, ni à des hommes, et qu’il en va de même de nos vies et de nos histoires. Cependant, ici aussi, certaines estiment que des exceptions à ces libertés doivent être faites à une catégorie particulière de femmes et de minorités de genre : les travailleuses du sexe.
Quel est donc ce féminisme qui, dans la plus pure tradition patricarcale, n’écoute pas les concernées ?
Quel genre de féminisme réduit des femmes à leur activité et leur assigne un statut immuable de victime ?
Quel genre de féminisme fait passer une posture idéologique avant les personnes concernées ?
Quel genre de féminisme privilégie ses opinions à des réalités et à des vécus de femmes ?
Quel genre de féminisme avilit les putes en leur concoctant un « parcours de sortie » lourd de contrôles et vide de droits, pour une obole de 342,20€ par mois ?
Quel genre de féminisme refuse toute aide aux travailleuses du sexe pendant les pandémies et les crises sanitaires ?
Quel genre de féminisme dans les syndicats en lutte pour les droits des travailleuses, sauf des travailleuses du sexe ?
Dans les partis politiques où le travail sexuel est sciemment réduit à l’« égalité femmes/hommes » et cantonné à cette seule commission ou groupe de travail, au lieu d’être abordé dans toute sa transversalité, sous l’angle des politiques migratoires, des politiques sécuritaires, de la santé publique, des oppressions racistes, homophobes et transphobes ?
Quel genre de féminisme oppose aux travailleuses du sexe victimes de violences qu’elles n’ont qu’à changer d’activité ? Quel genre de féminisme insulte la pute, la cam girl ou la stripteaseuse en la qualifiant de laquais du patriarcat ?
Quel genre féminisme compare dans des rapports officiels les actrices pornos à des « poupées gonflables » ?
Quel genre de féminisme utilise ses réseaux médiatiques pour déguiser la lutte des putes en show sensationnel télévisé, au lieu de simplement leur laisser la parole ?
Comme toutEs les femmes, les travailleuses du sexe doivent s’extraire de situations dramatiques, avec ou sans enfants. Du seul fait de leur activité, elles sont alors confrontées à des obstacles administratifs et légaux et au stigma.
Quel genre de féminisme cautionne ces obstacles ? À vouloir obsessionnellement « abolir la prostitution », les abolitionnistes, leurs parlementaires et leurs associations hors sol oeuvrent à faire disparaître les prostituées.
En pénalisant les clients des putes, le législateur les a raréfiés, et les clients le savent. Ceux qui n’hésitent pas à braver les lois ont aujourd’hui tout loisir de négocier les tarifs et les pratiques Les travailleuses du sexe ne sont pas les jouets législatifs des parlementaires, ni la matière première d’une « industrie du sauvetage » grassement subventionnée par les pouvoirs publics qui se défaussent toujours davantage de pans entiers de leur mission.
Quel est ce genre de féminisme qui ne compte pas nos mortes ?
Depuis le 1er janvier 2012 en France au moins 48 travailleuses du sexe ont été assassinées dont 4 en 2022. La putophobie tue, nous ne voulons plus compter nos mortes et nous ne voulons plus être considérées comme des personnes de secondes zones.
Nous rendons aujourd'hui hommage à nos mortes. Il n'y a pas de féminisme possible sans les putes.