Assemblée Générale de Gerland-Stade Lyon - Communiqué des travailleuses du sexe en camion

Nous sommes les travailleuses du sexe du stade de Gerland. Nous sommes comme vous des femmes, des mères et des filles. Nous aussi nous travaillons dans des conditions pénibles et luttons pour soutenir nos familles, nous aussi nous sommes parents.
Nous venons de pays pauvres où l’éducation et la santé ne sont pas gratuites. Par notre travail ici nous payons là-bas les études, les soins, les médicaments, le loyer et la nourriture de nos enfants et de nos parents. Par notre travail ici nous espérons pouvoir un jour payer notre propre retraite. Nous empêcher de travailler c’est nous condamner à la misère.

Nous sommes mises en danger par les journalistes. Ils viennent nous prendre en photo et en vidéo sans demander notre accord, et font circuler les images sur les réseaux sociaux où nous pouvons être reconnues, harcelées, menacées, faire l’objet de chantage ou reniées par la famille. Nous ne voulons pas que nos familles et nos enfants nous reconnaissent et prennent connaissance de notre travail. Parfois même des drones circulent et nous surveillent.

Il n’y a pas “une centaine de camionnettes” et donc de travailleuses comme le disent les journaux. Certaines d’entre-nous travaillent le jour, d’autres travaillent de nuit. Les femmes travaillant la nuit ne sont pas visibles des enfants. Quand il y a beaucoup d'enfants au stade, la plupart des femmes couvrent leurs vitres pour ne pas être visibles. Si nous laissons nos camionnettes vides dans la rue du stade de Gerland, même en dehors de nos horaires de travail, c’est parce que lorsque nous nous garons ailleurs nos camionnettes sont enlevées par la fourrière.

Nous sommes opprimées par la police. Les policiers montent dans nos camionnettes pour sortir nos clients, ils leur mettent des amendes. Ils bloquent la circulation, nous harcèlent verbalement, et nous empêchent de travailler.

Nous sommes attaquées par des adolescents. Ils viennent après minuit en groupe, nous demandent des prestations alors qu’ils sont mineurs, ils nous insultent, nous crachent dessus, nous jettent des bouteilles vides de protoxyde d’azote et brisent nos vitres.
 

Nous demandons

  • Que les journalistes cessent de nous prendre en photo et en vidéo.
  • Que cesse le survole de drones sur la zone
  • Que cessent les pressions et le harcèlement policier
  • Que soient installées des douches et des toilettes publiques près de notre lieu de travail et davantage de poubelles.
  • Une retraite pour toutes afin de pouvoir vieillir dignement.

Nous proposons

  • Nous sommes disposées à payer les impôts sur le revenu si cessent les harcèlements- et qu’on cesse de nous empêcher de travailler en attaquant nos clients.
  • Nous sommes disposées à collaborer concernant les horaires et les jours pour que les enfants ne soient pas affectés par notre présence.
  • Nous sommes disposées à faire une réunion avec la police.
  • Nous nous tenons pleinement à disposition pour que notre travail n'affecte pas vos vies quotidiennes.

 

Nous invitons « le collectif des parents » à nous rencontrer lors d'une réunion.

contact: cabiria [at] wanadoo [dot] fr

Addendum : La caisse de grève des femmes de Gerland est en ligne, merci de votre soutien !

https://www.papayoux-solidarite.com/fr/collecte/caisse-de-greve-des-travailleuses-du-sexe-de-gerland